SÉMINAIRE DU CERCLE

Le séminaire d’étude et de recherche de la Section Clinique de Rennes, animé par Caroline Doucet, Jean Luc Monnier, Thomas Kusmierzyk

Les jeudis 28 novembre 2024, 19 décembre 2024, 23 janvier 2025, 27 février 2025, 20 mars 2025, 22 mai 2025, 12 juin 2025

 

  Le CERCLE est le séminaire d’étude et de recherche de la section clinique (SC), réservé aux participants de la section clinique les plus chevronnés, qui ont été remarqués par les enseignants à l’occasion de la présentation de cas de leur pratique lors des séminaires pratiques. Sur recommandation des enseignants, leur entrée au Cercle est ensuite soumise à approbation par le bureau de la SC. Les consultants du Centre Psychanalytique de Consultation et de Traitement (CPCT- parents de Rennes) sont issus du CERCLE.
Les sept soirées annuelles du CERCLE sont un approfondissement du thème annuel de la section clinique et sont articulées en deux temps, l’étude de grands textes théoriques et la discussion de cas.
Lieu de débat et de conversation, le CERCLE est un laboratoire de recherche et de formation, à la pointe de la clinique d’orientation lacanienne dont le bulletin IRONIK ! se fait régulièrement l’écho.

Tristesse et mélancolie

  Le binaire tristesse – mélancolie donné à notre thème de travail annuel peut surprendre, tant un écart entre ces deux manifestations de l’inconscient s’impose d’évidence. D’une part, l’affect de tristesse n’est pas un type clinique, il est donc trans-structural et peu discriminatif, d’autre part, le noyau de vérité de la mélancolie ne réside justement pas dans un affect dépressif, mais dans une position subjective de l’être plus radicale, davantage clinique du vide que du manque. Cela étant, alors même qu’un abord phénoménologique pourrait laisser confondre ces formes de souffrance, plus ou moins durables ou cycliques, banales ou graves, la distinction entre l’affect comme corporisation d’une pensée et la mélancolie, située d’abord par Freud entre névrose d’angoisse et neurasthénie, s’avère cruciale, là où la nosographie psychiatrique les réduit désormais à un trouble de l’humeur.

  La clinique différentielle de l’affect de tristesse et de la psychose mélancolique est propre à éclairer le champ de la relation du signifiant et de la jouissance, de la douleur morale à la jouissance mortifère de la pure douleur d’exister. Dans cette perspective, la clinique des variétés de l’humeur se situe au « joint le plus intime du sentiment de la vie [1] » pour chacun, comme l’indique Jacques-Alain Miller [2], elle implique la clinique du désir et des modes d’aliénation et de séparation de l’Autre. Si l’affect de tristesse, comme la mélancolie, a toujours existé, la clinique contemporaine en voit l’expansion, si bien qu’elle nécessite un examen approfondi des variétés de la dépression, du deuil, voire de la manie comme envers de la mélancolie ou encore du fond mélancolique de toute psychose. Cette clinique s’envisage au regard de la problématique du corps, de l’identification, du rapport à l’objet et de la pulsion de mort menaçante.

 Ajoutons que ce thème ouvre aux questions éthiques les plus délicates de la clinique : celle de l’implication du sujet dans la manifestation dont il se plaint et celle de l’acte analytique susceptible de déchiffrer et de soutenir un rapport à la vérité et une position de l’être qui rendent la vie du sujet plus supportable. Car la clinique de la mélancolie est aussi celle de la tendance au passage à l’acte suicidaire, moyennant quoi elle est aussi celle de la défense que le clinicien est à même de soutenir afin de contrer la férocité du surmoi et la position sacrificielle à l’oeuvre.

[1] Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose » (1958), Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 558.
[2] Miller J.-A., Variétés de l’humeur, Paris, Navarin, 2008.

Dernière modification le 24/07/2024

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