Séminaires théoriques

 

Si la Section clinique de Rennes a mis à son programme l’étude suivie de Télévision de Jacques Lacan, c’est d’abord parce qu’il y donne les rares indications qu’il a pu formuler dans tout son enseignement sur la dépression. Il y indique d’ailleurs que la dépression en tant qu’affect est du corps mais qu’elle « peut aller jusqu’à la psychose » quand elle est rejet de l’inconscient. On peut voir dans ces indications l’esquisse d’une clinique continuiste de l’humeur telle qu’elle a été abordée à la journée des Sections cliniques (UFORCA), le 29 Juin 2007.

Les phénomènes dépressifs renvoient à l’atteinte de la brillance phallique, mais ils peuvent aussi prendre la valeur d’un phénomène élémentaire. Ceci nous amène à les penser comme pouvant relever de diverses formes cliniques, et la difficulté à les cerner est particulièrement aiguë dans les psychoses ordinaires, c’est à dire non déclenchées. Ces phénomènes dépressifs sont faussement rassemblés sous la dénomination de « troubles » par les manuels diagnostiques statistiques, qui masquent ainsi leur variété et leur gravité éventuelle et conduisent à des diagnostics et à des prescriptions erronées.

Mais en étudiant Télévision, nous abordons un champ beaucoup plus vaste, car ce texte bref présente un vaste panorama de la doctrine du dernier Lacan. Répondant à Jacques-Alain Miller, il brosse un tableau du rapport de la psychanalyse à l’ensemble des problèmes qui agitent la société post-soixante-huit, dans ces années-là en France. Non seulement la dépeint-t-il d’un trait acéré, mais encore trace-t-il la voie par laquelle la psychanalyse peut intervenir dans le discours du maître, sur le déclin de l’autorité paternelle et familiale, sur le féminisme, sur le corps, sur l’inconscient. Il reformule ainsi la praxis psychanalytique pour un temps qui n’est plus celui de Freud.

La formule de l’émission télévisuelle, puisque cet écrit était appelé à être diffusé, oblige à une concision que rehausse l’exigence de son jeune interlocuteur. Télévision, bien que destiné à un public large, n’est pas un texte aisé à déchiffrer. Il appelle à un commentaire extensif, il introduit, non pas à la toute dernière, mais en tout cas à la dernière clinique de Lacan, selon la distinction que Jacques-Alain Miller proposait cette année dans son cours. C’est une clinique pour l’époque post-moderne, celle ou l’objet a – en toc – est au Zénith, celle ou le sujet déboussolé doit plus que jamais tenter de se débrouiller avec son symptôme. C’est une clinique de la jouissance qui se formule d’une façon paradoxale : « le sujet est heureux. »


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